Troisième escale : les amas globulaires
La nuit est maintenant bien plus sombre, nous ne sommes pas loin du crépuscule astronomique. Au-delà commence LA nuit. Mais je vous connais, vous n’avez pas pu résister à l’envie d’observer M 13 tout à l’heure, lorsque le ciel était plus clair. Et vous avez été déçu ! Trop tôt, jeune paddawan…
Mais revenons à nos moutons. La nuit s’avance, il est temps d’observer les amas globulaires… Et d’expliquer ce que c’est. L’histoire de l’amas globulaire commence comme celle de l’amas ouvert. Un grand nuage de gaz et de poussières, des étoiles naissent… mais là, l’histoire déraille, ces étoiles sont plus proches les unes des autres, les effets de la gravitation se font beaucoup plus sentir, à tel point qu’elles restent ensemble, liées par une force invisible mais puissante… Le côté obscur de la force ?
Bref, plus prosaïquement, les étoiles nées d’un même nuage de gaz sont liées par la gravitation et forment alors cette « boule de coton » visible dans les télescopes et caractéristique des amas globulaires. On considère aussi que ces amas sont les objets les plus anciens d’une galaxie et peuvent contenir jusqu’à cent mille étoiles, ou plus encore…
Alors, bien sûr qu’il est possible de pointer ces objets assez tôt dans la soirée. Une telle concentration d’étoiles, vous pensez donc ! Mais l’intérêt de les observer réside dans la possibilité de les résoudre en étoiles, d’admirer ce fourmillement incroyable des amas globulaires. Et pour cela, il vaut mieux un ciel bien sombre…
Messier 13
Messier 13 est l’incontournable des soirées astronomiques d’été. Accessible à l’œil nu (dans de bonnes conditions : pas de lumière parasite, ciel sombre…), très facile à repérer dans la constellation d’Hercule (à un tiers de la distance Eta / Dzeta Herculi, en partant de l’étoile Eta), il est surtout très beau ! Il apparaît très brillant dans des jumelles ou un petit instrument, mais il faudra un télescope de 200mm de diamètre pour arriver à résoudre parfaitement cette boule cotonneuse en étoiles. Il ne reste plus qu’à admirer…
Messier 92
Quittez un instant l’amas d’Hercule et dirigez-vous vers… l’autre amas d’Hercule ! Moins lumineux que M 13, il n’en est pas moins intéressant. Son repérage est un peu plus délicat. Si Eta nous sert encore de point de repère, il faut tracer un segment avec l’étoile Iota d’Hercule, moins évidente à trouver. Et si M 92 est à 40% de la distance en partant de Iota, il est aussi légèrement décalé sur la droite, dans le sens Iota – Eta. Vous suivez ? Ce n’est pas grave, une âme charitable vous montrera le chemin lors d’une prochaine nuit d’observation…
Visible aux jumelles, il apparaît brillant, granuleux et diffus dans les télescopes d’initiation. Pour le résoudre parfaitement en étoiles, il faudra un diamètre bien supérieur : 250mm et plus. Par contre, il supporte aisément les forts grossissements.
Messier 3
Encore un beau bébé, un classique du ciel du printemps, encore visible à l’ouest durant l’été car situé dans la constellation des Chiens de Chasse. Son repérage n’est pas non plus compliqué, quasiment à mi-chemin sur une ligne tirée entre la brillante Arcturus du Bouvier et la plus modeste Cor Caroli, principale étoile des Chiens de Chasse. Encore faut-il reconnaître la constellation des Chiens de Chasse ( Pas bien difficile : repérez deux étoiles placées sous la queue de la Grande Ourse, vous avez les deux principales étoiles des Chiens de Chasse)
Accessible aux jumelles, le tableau est superbe au télescope, car M 3 arbore un contraste harmonieux entre son centre et sa périphérie. Il poudroie littéralement d’étoiles dans un télescope de 200 mm de diamètre.
Messier 5
Moins connu que l’amas d’Hercule, il est pourtant plus important en taille. Il est certes moins facile à pointer que ce dernier, plus isolé dans le ciel. Situé dans la tête du Serpent, , il faut s’aider de deux étoiles de la constellation voisine, 109 et 110 de la Vierge pour le retrouver. Il suffit de prolonger une fois la distance entre 109 et 110 et vous êtes arrivé.
L’avantage d’observer M 5 est qu’il permet d’être résolu en étoiles même avec des instruments modestes. De nombreux détails apparaissent à des diamètres supérieurs. A ne pas manquer !
Messier 10 – Messier 12
Difficile de dissocier Messier 10 et Messier 12, deux amas globulaires séparés l’un de l’autre par trois degrés d’arc et situés au milieu de nulle part, dans le ventre mou de la grande constellation d’Ophiuchus. Pour les rechercher aux jumelles, je pars généralement du duo d’étoiles Yed Prior et Yed Posterior (Delta et Epsilon Ophiuchi) pour glisser doucement vers Beta Ophiuchi (Cebalrai). Sur le chemin se dresse fièrement M 12, amas brillant et contrasté, résolu en étoiles dans un 200 mm. Glissez maintenant sur la droite et légèrement vers le bas, c’est au tour de M 10 d’apparaître, moins contrasté que son voisin, mais tout aussi lumineux. Braquez maintenant un télescope de courte focale avec un oculaire grand champ, voilà le beau duo enfin réuni !
Messier 71
Voilà un amas qui ne posera pas de problème pour son repérage ! Niché dans la petite constellation de la flèche entre les étoiles Gamma et Delta, difficile de passer à côté. Par contre sa taille bien plus modeste permet tout juste de le deviner aux jumelles. Dans un télescope, cet objet peu condensé en son centre a pu parfois être pris pour un amas ouvert.
Messier 22
Messier 22 ne sera pas difficile à trouver, et c’est tant mieux car il mérite le détour. Si seulement il était un peu plus haut dans le ciel pour nos latitudes… Pour le dénicher, il faut partir de la théière, forme caractéristique de la constellation du Sagittaire. Prenez l’étoile à la pointe du chapeau de la théière, Lambda Sgr, glissez d’un peu plus de deux degrés vers l’est, remontez légèrement, vous y êtes !
De taille imposante, déjà faiblement perceptible à l’œil nu, de nombreuses étoiles se révèlent en son centre dans un télescope de taille modeste. Contrairement à certains de ses collègues, il n’est pas fortement concentré, ce qui le rend si intéressant même dans de petits diamètres. De subtiles condensations se dévoilent à sa surface et sur les bords. Il est parfaitement résolu dans un diamètre supérieur. Profitez-en !
Messier 2
Bien qu’étant un objet du ciel d’automne, Messier 2 pointe déjà son nez dans la constellation du Verseau. Autant en profiter. S’il est vrai qu’à première vue, un amas globulaire ressemble terriblement à un autre amas globulaire (jamais de formes tarabiscotées, toujours sphérique), une observation plus détaillée montrera une grande diversité dans ce bestiaire globulaire. Ainsi, le noyau de M 2 s’avère bien plus compact et serré que ne l’était celui de M 22. Du coup, cela le rend plus difficile à le résoudre en étoiles. Il n’en reste pas moins brillant.
Son repérage n’est pas très facile, l’amas étant un peu isolé. Le mieux est de partir de Beta du Verseau et de remonter de cinq degrés vers le nord. Attention à ne pas se perdre sur la route…
Messier 15
On terminera ce voyage dans les amas globulaires par un autre objet de l’automne, un peu plus modeste que ceux déjà évoqués, mais néanmoins esthétique. Le repérer dans la constellation de Pégase ne sera pas difficile, prolongez d’environ quatre degrés le segment formé par les étoiles Boham et Enif (Theta et Epsilon Pegasii) et il apparaîtra.
Son noyau compact en fait un objet plutôt brillant, mais qui ne se laisse pas facilement résoudre en étoiles. Un télescope de 200 millimètre de diamètre viendra à bout de sa périphérie.
Observer un amas globulaire est toujours impressionnant et stimule l’imaginaire. Imaginez le soleil et son cortège de planètes dont la Terre, plongé dans cet univers à 100000, 200000 étoiles agglutinées sur 150, 300 années lumière ? Y aurait-il seulement la nuit ? Mais observer des amas globulaire est un peu plus exigeant, car il faut savoir apprécier les détails subtils qui les différencient. Alors, je dis Patience… Prenez votre temps, retournez-y souvent, avec des grossissements différents.